Les 50 ans de Droit et Démocratie

Colloque du

 

Pour compléter ces vidéos, vous retrouverez ci-dessous le discours de Monsieur Jacques RIBS, président de Droit et Démocratie :

1981 a marqué indiscutablement un tournant dans la vie de Droit et Démocratie

Un tournant politique majeur semblant aller, au plan des principes affichés, dans le sens de nos idées, mises en œuvre, au surplus sous la direction d’un homme charismatique, bien connu personnellement de nombre d’entre nous, d’autant et surtout que RB devenait Garde des Sceaux et que, beaucoup plus modestement, j’entrai dans le cercle quasi anonyme des conseillers du Président.

D’autre part, bon nombre de ministres étaient connus personnellement de l’un ou l’autre de notre équipe.

Cela nous a conduit , plus d’une dizaine de fois, à associer, dans une formule originale, un responsable politique, presque toujours de rang ministériel , à  nos colloques, permettant ainsi un double mouvement d’expression, dans un sens de notre part ou de celle des participants et dans l’autre sens de cette personnalité, enrichissant pour les deux parties.

Robert Badinter s’y est exprimé 4 fois

Sur l’extradition et le droit d’asile 20/2/82

La nouvelle politique pénale 16/4/83

Les victimes 10/12/83

Le progrès des Libertés 8-9/85

Cela a stimulé considérablement l’assistance à nos colloques, spécialement lorsqu’il y avait dans l’air une réforme en préparation.

Nos colloques se tenaient alors généralement à la Première Chambre de la Cour et parfois les galeries supérieures y ont  elles-mêmes été occupées tant il y avait de monde.

Cette méthode  de dialogue, riche au plan démocratique aurait sans doute intérêt à être reprises par d’autres, mais autre temps autres mœurs.

Puis les choses ont changé au plan politique, les alternances n’ayant cessé de se produire ,mais cela n’a pas empêché D&D de se maintenir, parce que son action, toujours désintéressée, se situe essentiellement au plan des idées, qu’elle peut donc se développer avec très peu de moyens si elle animée  par des gens qui croient à ces valeurs et qui ne cherchent rien d’autre qu’à les défendre

Une plaquette rédigée par F. Thiriez lorsqu’il était notre Vice-Président  résume parfaitement notre identité :

La vie de Droit et Démocratie  au cours de ces 50 années fut bien un travail de Sisyphe.

Maintenir le cap dans un environnement qui, à part quelques éclaircies, ne se déroula pas toujours dans un cadre favorable ou simplement aisé , les difficultés ne venant pas toujours du côté que l’on pouvait penser.

Quoiqu’il en soit notre ligne, toujours maintenue, a consisté à mettre le projecteur sur des sujets de société qui dans un instant T nous paraissaient de voir être éclairés et débattus publiquement dans l’éclairage qui est le nôtre.

Différentes formules ont pu être retenues : Tables rondes, déjeuners-débats, mais surtout colloques. Mais toujours dans une exigence majeure de qualité, réunissant les meilleurs spécialistes du moment sur le sujet donné, unis bien sûr par une sensibilité commune dans ce domaine.

Il ne s’est jamais agi de débats proprement politiques, mais d’approfondissement d’ordre intellectuel, dans le cadre d’une même vision  de l’Homme et de la Démocratie, des personnalités d’une sensibilité différentes de la notre ayant pu parfois être conviés dans un but d’un meilleur éclairage, tout à fait objectif, du sujet choisi.

Mais je crois que nous n’avons pas chômé,

140 manifestations de ce type ont eu lieu au cours de la vie de Droit et Démocratie jusqu’à ce jour et ce qui démontre que notre action n’apparait pas dénuée d’intérêt, elles ont toute été hébergées gracieusement par des organismes dépendant, soit du monde du barreau soit du monde judiciaire soit des deux assemblées parlementaires.

Je voudrais spécialement remercier le Conseil National des Barreaux qui  a bien voulu nous permette, ces dernières années, d’utiliser son superbe auditorium pour y tenir tant de nos colloques.

Je voudrais en profiter pour dire  aussi notre gratitude à l’Ordre des Avocats pour son soutien constant. Notre présence ici en est la preuve.

Certaines de nos manifestations ont été publiées à la Documentation française ou dans des médias spécialisés et sont également parus des articles sous notre signature.

A partir de 2006, nous avons créé, grâce à Frédéric Lauféron, un site internet où nos colloques se trouvent présentés en vidéo, permettant un accès de centaines voire de milliers d’internautes à nos réflexions et nos messages, les plus lus n’étant pas toujours ceux qui avaient recueilli la plus grande assistance.

Mais l’action de Droit et Démocratie ne se limite pas à ces manifestations extérieures .

C’est aussi un lieu de débats internes fréquents et approfondis. Au fil des années la composition de nos organes dirigeants et, dans un reflet logique, celle de nos adhérents, s’et remarquablement diversifiée mais nous sommes demeurés une des rares organisations à réunir depuis toujours, sur une sensibilité   commune, des représentants, généralement de   haut niveau, de l’Université, Barreau, du monde judiciaires et de la juridiction administratives , sous la présidence d’honneur d’André Chandernagor, Premier président honoraire de la Cour des Comptes et sous la présidence effective de votre serviteur, sorte de caméleon judiciaire, ayant successivement appartenu au conseil de l’Ordre des avocats de Paris puis , chose rare, au Conseil d’Etat et enfin  présidé des organismes de sanctions en matière financière, tout en ayant dirigé FTDA pendant 16 ans.

Notre Comité Directeur se réunit à peu prés tout les mois et les débats y sont vifs dans un climat de grande cordialité .Les orientations de l’association y sont définies et le choix et la composition de nos manifestation décidés.

Si nous avons duré 50 ans, c’est d’abord, sans doute, parce que ce nous faisions n’était peut-être pas totalement dépourvu d’intérêt,  à en juger simplement par les quelques 500 personnes de haut niveau qui y ont pris la parole au cours de ces années.

Mais c’est aussi et surtout, je crois, grâce à notre obstination.

Mais cela ne suffit pas sans le dévouement  intense et désintéressé de ceux qui ont, pendant des années, fait vivre cette association

Je voudrais en cette occasion exprimer une reconnaissance toute particulière à Roger Chipot, aujourd’hui malheureusement décédé, et à Solange Chipot, qui depuis pratiquement la naissance de notre association, en ont assuré la trésorerie, ce qui ,compte tenu de l’exiguïté de celle-ci, représente un sorte d’apostolat

Je voudrais dire toute notre gratitude aussi à Stéphane Bonifassi, notre secrétaire général, Avocat, ancien Premier secrétaire de la conférence des avocats, qui depuis de années héberge nos réunions dans ses locaux et nous procure moyens de secrétariats essentiels à notre survie, que Mme R. en soit remerciée.

Je voudrais y associer Frédéric Lauféron, notre trésorier actuel,qui tente de permettre à D&D de faire bonne figure et y parvient, malgré la pauvreté de nos moyens.

Je voudrais aussi avoir une pensée émue à l’égard de ces trois avocats qui se sont réunis un soir de 1966 pour établir les premiers statuts de D&D et lui donner vie, le Bâtonnier RW Thorp, Claude Bedossa et Gaston Maurice, qui  succéda au Bâtonnier comme Président après la mort de celui-ci et me proposa d’en assurer le secrétariat général, puis la présidence, il y a maintenant 43 ans.

Sans eux nous ne serions pas là ce soir pour cet amical moment.

Cinquante ans de vie de notre association –  la dernière survivante des  clubs des années 60 portant le mot Démocratie dans leur titre – c’est,  peut-être,  le moment de s’interroger sur  son avenir et la forme qu’il pourrait prendre !

Dans ce contexte, la première des interrogations, me semble-t-il doit me concerner.

J’aurai 91 ans le 1/8 , après 43 ans de présidence, ce qui doit être sans doute une manière de record.

Il est donc, peut-être, temps, ne pensez-vous pas, de songer à me retirer  et je voulais ce soir vous en faire la confidence ?

Tout cela devra être réglé, je l’espère, en septembre où mon successeur sera désigné

*            *           *           *            *

Il me semble donc d’évidence que pour esquisser ce que pourrait devenir Droit et Démocratie dans l’avenir, c’est à une autre génération de le faire.

Qui pourrait être plus qualifié pour cela que notre VP Yves Charpenel, qui pourrait bien, s’il le souhaitait, être appelé, après l’été, à être le pilote de la mise en œuvre de son  propos prospectif, pour lequel je lui transmet maintenant la parole, en l’éclairant par ce propos du Président Marceau  Long à notre invitation.